C’est quoi, une micro-ferme?

C’est quoi, une micro-ferme?

Hé bien, oui, d’abord, c’est quoi, une micro-ferme? Commençons par la base. La micro-ferme de la Forêt. Pourquoi micro? Une toute petite terre? Sans gros engins? Avec peu de gens? Un peu tout ça.

Le mot « micro-ferme » est apparu très tôt dans notre projet, dans la bouche de Ben d’abord. Avec ce livre, un des premiers qu’il a lus pendant ses recherches nocturnes: « Créer sa micro-ferme : permaculture et agroécologie », de Linda Bedouet, qui y raconte comment elle et son compagnon ont démarré leur micro-ferme, mélange entre journal intime et bases théoriques. Un titre plein de nouveaux mots pour moi, qui voulaient tous dire la même chose et rien à la fois, qu’on associe souvent mais sans trop savoir pourquoi. Ces mots sentent le retour à la terre et à une certaine authenticité, la culture à taille humaine et le respect de la nature.

Creusons…

Une micro-ferme est « une ferme cultivant en bio, voire en agroécologie (intégrant une résilience en termes d’énergie utilisée, préservant la biodiversité et favorisant le développement d’écosystèmes équilibres), de petite taille (autour d’un hectare cultivé par actif), commercialisant en circuits courts, avec une grande diversité de cultures, visant l’autonomie et associant le projet de ferme à un projet de vie », selon Linda Bedouet.

Small is beautiful. Le slogan du philosophe Ernst Schumacher, tiré de son ouvrage « Une société à la mesure de l’homme », colle parfaitement à la volonté de ces fermes qui « prônent les vertus de la petitesse face à l’idolâtrie du gigantisme ».

Linda Bedouet,
Autrice de « Créer sa micro-ferme: Permaculture et agroécologie »

Il s’agit d’une ferme « dont la production principale est le maraîchage et dont la surface est inférieure à 1,5 hectare par équivalent temps plein », d’après Permaculture pour tous. « Il en ressort que pour toutes les fermes, le maraîcher ou la maraîchère voit dans la ferme un projet de vie global qui conjugue le besoin d’autonomie, le sens au travail, la charge de travail acceptable, le revenu décent et la qualité de vie », explique l’auteur, qui condense en un article le résumé d’une thèse intitulé Viabilité des microfermes maraîchères biologiques. Diffusion des principaux résultats de thèses. « Si les motivations premières sont partagées par tous les maraîchers, la façon opérationnelle de développer la ferme peut varier de façon significative ! Chaque structure s’adapte à son contexte local et développe sa propre stratégie. »

Souvent, les maraîchers vendent à la ferme ou via des AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), avec un système de paniers, par exemple. Ils s’inscrivent localement dans le village et la région où ils sont installés, en contactant les entrepreneurs, les jardiniers, les agriculteurs du coin quand ils réalisent des travaux ou ont besoin de matières premières, mais aussi en développant une petite vie à la ferme avec des visites ou des journées de chantier avec des bénévoles. Comme à la micro-ferme de la Forêt: les copeaux de bois viennent d’un entrepreneur de parcs et jardins du village, le fumier provient d’un ménage des environs et les coups de main des agriculteurs du coin, pour déplacer du matériel très lourd et tirer la camionnette embourbée dans la gadoue (encore merci à ce sauveur du jour!), ne sont pas rares.

Les techniques de culture sont généralement similaires dans les micro-fermes, poursuit le site Permaculture pour tous: « Pour consolider les rendements, c’est la protection des cultures (voiles de forçage, serres, couches chaudes) et la succession rapide de légumes qui sont les principaux leviers. Les associations de cultures sont régulièrement pratiquées et sont un levier complémentaire pour densifier la production. » Sans oublier le paillage, organique de préférence, la gestion de la fertilité des sols et l’expérimentation d’outils adaptés au micro-maraîchage, comme la grelinette, la campagnole et tout un tas de bidules aux noms rigolos et aux formes biscornues (on fera les présentations, promis!).

Le micro-maraîcher veille aussi au développement de la biodiversité et crée un écosystème autour des surfaces maraîchères à travers la plantation d’arbres et l’élevages d’animaux.

Il y a donc beaucoup de facteurs à gérer, de choix à opérer, de compétences aussi à développer et maîtriser, que ce soit dans le maraîchage pur, la gestion, la commercialisation, la communication, la sociabilisation ou encore la logistique. Tout ça alors que l’envie première est de vivre autrement, mieux et plus lentement, de travailler en autonomie et avec la nature. Pour résumer:

Il n’y a pas de stratégie miracle. C’est la cohérence entre commercialisation, investissement, lien au territoire, choix techniques et organisation du travail qui sont les facteurs clés de réussite ! La viabilité des micro-fermes est fortement liée à la manière dont les maraîchers effectuent ces compromis et arrivent à hiérarchiser ou à concilier leurs différentes aspirations en tension. Ainsi, les porteurs de projets doivent réfléchir constamment à la nature des compromis qu’ils sont prêts ou non à faire et être vigilants à ce que leur engagement écologique et social ne se fasse pas au détriment de leur qualité de vie !

Kevin Morel,
auteur de la thèse de doctorat (UMR SADAPT, INRA, AgroParisTech, Université Paris-Saclay)

Une ferme à taille humaine, mais qui peut parfois être beaucoup pour un seul homme…

Donc, voilà, la micro-ferme de la Forêt, c’est ça: un hectare, Ben, ses muscles, ses outils, à temps plein, moi, une journée par mois en mode « Sophie à la ferme », le sol, la nature, les coups de main des copains et de la famille pour monter la serre, bâcher l’étang, désherber les parcelles ou couper les ronces, le resto du coin, les scouts, le p’tit magasin qu’on livre de temps en temps, les matières premières et les services des entreprises du coin, l’étal qu’on installe sur le terrain ou dans les environs… Un petit truc qui se construit pas à pas. Si petit qu’un jour, une cliente venue chercher des légumes s’est exclamé en arrivant: « Ah oui, c’est ça?! » Ne trouvant pas de « ferme » à la dite adresse. Le « micro » a donc toute son importance!

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