Épisode 9 – La fête. Partie 1: Les préparatifs

Épisode 9 – La fête. Partie 1: Les préparatifs

Aujourd’hui, la camionnette de Ben s’est embourbée dans un tas de compost. Il est 19h, on a: une caravane à remorquer et transporter de l’autre côté du champ, un bébé en mode tic-tac-boum proche de l’heure du dodo, ah oui, et une petite fête qui se prépare à la ferme demain. Tout va bien…

Vendredi soir, donc, après avoir été chercher le matériel horeca, planté nos dernières lignes de poireaux pour l’automne, récupéré un bébé de la sieste, mi-grincheux, mi-excité, réveillé par un cortège d’engins agricoles, trié et arrosé les semis, coupé l’herbe aux abords des serres, Ben déplace sa camionnette derrière la petite serre. La mission est simple: accrocher la vieille caravane qui nous servira de bar pour la remorquer jusqu’à l’entrée du champ. Easy!

Sauf que la maisonnette de camping pèse son poids et que ses roues sont entravées par les herbes hautes. Sauf qu’aussi, Ben coince sa roue dans le tas de compost qui repose là, devant son pare-chocs. Va falloir pousser… J’installe Bébé dans sa poussette. La camionnette est bourrée de mange-debout, de grill, de tonnelles, de charbon de bois (On vous a dit qu’on faisait une petite fête?). On l’allège autant que possible. La pilote que je suis se met au volant. Ben devant le capot. Il pousse, je mets les gaz, la camionnette recule. Bébé rit.

Bien, la caravane maintenant. Le premier essai est un échec. On a oublié les cales! Le deuxième… aussi. La caravane saute. On désherbe, on chipote à la petite roue à l’avant, on se regonfle à bloc, on compte. Trois, deux, un. On tire. Ça marche! Bébé rit.

Je vous passe les détails sur les manoeuvres pour faire reculer le convoi exceptionnel à travers champ. Mais deux semaines de taf à deux, dont une à trois, sans accroc majeur, fallait bien que ça arrive à un moment…

Je reprends depuis le début. Samedi, ce samedi, le 14 août, on fait une petite fête à la ferme. Ça a commencé avec un petit message sur Facebook, un pote de Ben qui fait un Nature Tour, il part, avec sa guitare, sur les routes de Belgique et va chanter à gauche, à droite, chez les gens. A la fin de sa prestation, il fait tourner un chapeau. Son nom de scène: Tom White Shoes.

On aime bien quand la ferme vit, quand les gens viennent voir, cueillir et goûter. Alors, de la musique, là, à l’orée du bois… On s’est dit oui, directement. Le truc, c’est qu’on ne fait pas les choses à moitié, souvent. Ni l’un, ni l’autre. Donc, on a voulu un bar et une petite restauration, le minimum. Puis, c’est l’occasion de faire visiter, d’expliquer ce qu’on fait. Puis, jeunes parents, on a pensé aux enfants: des grimages, ça serait chouette. Et des jeux aussi! Ok. Puis, la ferme doit être nickelle pour accueillir les gens, pour qu’ils se sentent bien, faut nettoyer, faucher, clôturer les étangs par sécurité. Ok. Vous voyez où je veux en venir…

On avait deux semaines pour tout faire. On est rentré d’un break de cinq jours (écourté d’un jour par une attaque de mildiou sur nos tomates à cause des fortes pluies, on a coupé, paillé, aéré) et on s’y est mis. Ambiance bottes et k-way d’abord, chapeau et crème solaire, pour terminer.

J-12

On dresse la to-do list. Clôturer les étangs, nettoyer les planches de culture A5, A7, A8 et A9 (je bluffe… elles ont vraiment des chiffres, mais j’ai oublié lesquels), repiquer les jeunes oignons, les poireaux, les betteraves, éclaircir les carottes, pailler les poivrons, les concombres, les allées, partout où c’est possible, nettoyer les abords et ranger (c’est là que ça se complique), passer les commandes, trouver ce qu’il faut pour la fête. Ben pense tout de suite à une ancienne collègue devenue traiteuse. Bingo: elle peut tout nous louer! Mange-debout, glacière immense, verres, tonnelles, tout, tout, tout.

J-11

Ernest est chez sa grand-mère, la crèche est fermée. On attaque la première planche. Avec les pluies estivales à caractère automnal et nos quelques jours d’absence, les mauvaises herbes s’en sont donnés à coeur joie. On arrache à la grelinette, à la main, à la binette, on emmène le tout sur le tas de compost pour éviter les repousses. Ça nous prend un temps dingue. Conclusion de la journée: pfff, y a du taf, hein!

J-9

Repos pour Ernest et moi. Ben part sur le marché. Le soir, on établit le programme: bar et snacks, concert, visites guidées. Je pense au grimage. Ça serait chouette! Avoir des petits tigre/super héroïne/clown qui courent partout dans le champ. Je cherche, j’envoie des messages.

J-7

L’heure de la commande. On voudrait ne proposer que des produits locaux. La solution: passer par la coopérative Paysans Artisans. Ben prend des bières, des brasseries de Namur, du Clocher ou encore Caracole, des hamburgers végétariens, de OneLoveCoop, des sauces, de Magasin du Monde, des crackers, de Mad Lab. Puis, les jus, les limonades, le vin. Ça commence à se concrétiser. Faudra pas oublier les pains…

J-5

Ernest va passer la semaine avec nous. Il adore la ferme, son papa, sa maman, il veut tout faire, tout apprendre, arroser, planter, creuser, il joue avec ses doudous, ses outils ou son tracteur, il passe des heures à regarder les vers de terre dans la terre, les engins agricoles sur la route et les avions dans le ciel, il sait qu’il doit marcher dans les allées entre les planches de culture. Même si parfois il oublie, même si parfois il s’agrippe à nous comme un petit koala, préfère chiper les outils de grand plutôt que d’utiliser les siens ou récolte les tomates cerises vertes… Le seul gros bémol: la sieste dans la caravane. On a connu des échecs par le passé (voir épisode 7), on va voir. Mais il est tellement heureux d’être là, notre grand bébé de bientôt deux ans, qu’il s’endort assez facilement, apaisé par son papa. C’est parti pour une semaine à trois à la ferme!

J-3

Gauthier, mon beau-frère, vient nous aider à couper les hautes herbes. J’embarque Valentine, ma nièce de bientôt quatre ans, et Ernest à la ludothèque d’Assesse. On va chercher les jeux pour petits et grands, ils seront mes experts. Là-bas, Marie saisit tout de suite ce qu’il nous faut pour un événement d’extérieur: pourquoi pas le Molkky, le jeu de quilles finlandaises? Et le jeu des sacs à lancer dans des petits trous? Pour les bambins, il y a aussi des petits poussins en bois à transporter sur un coussin posé sur la tête et des gilets avec des balles à scratch, puis le croquet orné de têtes de clown. Les enfants sont émerveillés, ils font des « wow » et des « ça, ça ». On embarque tout! Marie nous aide même à tout amener à la voiture. De retour à la ferme, les minus testent directement la marchandise avec Ben. Succès immédiat! Gauthier, lui, reviendra demain pour terminer. Il plantera même les derniers poteaux autour de l’étang. Il veut qu’on soit content de notre événement, alors il se donne à fond. Au total, il viendra quatre fois nous donner d’énormes coups de main!

La routine du soir s’intensifie: on vérifie la commande, relance un contact pour le grimage ou la toilette (!), discute matos et déco, lave les légumes fraîchement récoltés. Puis, je vous passe les détails du linge, des bibis, des couches, des repas et de la logistique domestique… On se dit que ça commence à avoir de la gueule, qu’on fait notre max, que ça va aller.

J-2

Jour de vente pour Ben. Il part récolter tôt le matin (parce que oui, le travail habituel de la semaine continue), puis sur le marché. Je vais chez ma soeur avec un bébé en pleine forme, requinqué par une sieste dans son vrai lit. Caro est super douée en calligraphie. Elle va m’aider à faire le menu. Enfin… Jusqu’à ce que je découvre que ma plus belle écriture ne mérite absolument aucune affiche. Du coup, je joue avec les enfants, prépare une tartine, un Bibi, fait semblant de retenter ma chance avec les marqueurs de pro. En gros, je laisse faire l’artiste. Je rentre avec de superbes affiches stylisées, Ben est fan.

J-1

Je ne compte plus le nombre de brouettes qu’on a transportées, ni les bobos, piqûres, bleus qu’on a récoltés, ni les légumes qu’on a replantés, les mauvaises herbes arrachées, les coups de fil, messages, mails envoyés pour les pains à burger (de chez François à Sombreffe), les invitations, les demandes de coups de main derrière le bar, le grill, à l’installation (déjà merci à Franck, Gaëlle, Math, Max, Seb, Simon, Thomas et aussi à Caro, Gauthier et Océane).

On quitte la ferme sous le coucher de soleil. Les hautes herbes fauchées, la plupart des planches de culture dans un bien bel état, la caravane installée à l’avant, notre petit garçon grandi, émerveillé, ravi du temps passé avec nous et fatigué.

C’est sûr, il y a une planche de carottes à moitié récoltée, une en train d’être creusée et une autre vide de tout légume, on n’a pas eu le temps de replanter les arbustes au bord des étangs, ni de repiquer les haricots et ce n’est certainement pas le résultat final que Ben avait exactement en tête. Mais la ferme est en évolution permanente, elle vit, elle pousse, elle change, c’est comme ça. Surtout: elle n’a jamais été aussi belle. Et nous, peut-être jamais aussi épuisés. Il y a mille choses à penser ce soir et demain matin. Mais je sens que ça va être gai, le « show » de la micro-ferme de la Forêt. Que si on oublie quelque chose, ça sera un détail ou qu’on trouvera une solution. Que l’important, ce sera vous, le soleil, la musique, les jeux et la ferme. Bienvenue!

One thought on “Épisode 9 – La fête. Partie 1: Les préparatifs

  1. Quelle organisation … ça ne peut être qu’une réussite .Soyez heureux et fiers du travail accompli en famille .
    Amitiés .

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